La somme de 300 dollars sera attribuée à l’auteur-e- de la meilleure contribution. 

Date limite d’envoi des propositions : 30 août 2024

Propositions d’une page environ (accompagnées d’une brève notice bibliographique et une brève présentation de l’auteur·e), les propositions sont à envoyer jusqu’au 30 août 2024 à : m.wizemann@carnet-critique.com

Contacts :
m.wizemann@carnet-critique.com

Épopée moderne où se dessine un univers mystique, celui de la terre et des morts, de la mémoire ancestrale, de l’héritage et du pacte, de la promesse. Celui des prophètes, Elias luttant contre Satan, Jacob et son combat avec l’ange, Abraham narrateur et témoin particulier du temps qui passe ou de cette Europe qui vieillit. (Vies Pøtentielles).

Édifiée sur sa « lignée d’omissions et de morts » (Thésée, sa vie nouvelle), elle est un exemple paradigmatique associé à la modernité, signataire de la fin des affirmations indiscutables qui « travaille à couper l’être de son principe généalogique. Au XX siècle, elle l’a fait par l’idéologie, la guerre et l’extermination. Mais aujourd’hui, ces mêmes forces de déracinement sont à l’œuvre. Nous les voyons dans les recherches de la biologie pour créer les conditions d’une procréation désincarnée, machinale. Nous les voyons dans les rêves, les fantasmes d’affranchissement du corps par les connexions cybernétiques, dans les fables de la science-fiction, l’imaginaire futuriste, dans les troubles désirés ou subis du genre. Nous les voyons encore, politiquement, dans les flux migratoires, les inégalités qui conduisent des centaines de milliers de migrants à bruler leurs papiers, condamnés à détruire ce qui constitue la preuve matérielle de leur identité. » (Le Hêtre et le Bouleau. Essai sur la tristesse européenne.)

Véritable archéologie du présent qui dévoile un aveu d’inquiétude d’être au monde, “tension sans résolution” entre la hantise, l’abîme et la survie, l’ivresse lucide du vertige et de la création qui condamnent l’homme moderne à se tenir désormais sur « une brèche entre le passé et le futur » (Arendt) , dans ces «  lieux instables, en mouvement, arrachement et affranchissement par-delà l’identité qui bâtissent cette maison branlante de l’être entre les murs de laquelle nous devons apprendre à vivre, à la façon de réfugiés, dans ce camp permanent du monde où nous peinons à reconstruire la place et le temps stables où nos parents, nos grands-parents, parfois, demeuraient », écrit Camille de Tolédo.

Au-delà de son caractère hermétique, mêlant des éléments mythiques, poétiques, aphoristiques, mystiques et philosophiques qui se révèlent à travers certains mots-clés  : la hantise, la mort, le deuil , la transmission, l’héritage, l’exil et la dette, l’œuvre de Camille de Tolédo reformule un questionnement propre aux problématiques de l’historiographie contemporaine depuis la chute du Mur de Berlin : Comment écrire le temps présent ? Si le passé influe sur la manière dont nous traitons les questions propres à notre/nos héritage(s) et constitue une catégorie envahissante du présent, quel avenir est-il désormais possible ? Que faire d’un héritage alimenté par la honte et la culpabilité ? Comment sauvegarder un héritage illisible, fragile et incertain ? Comment transmettre un héritage non-reçu ? Qu’avons-nous à retenir de l’expérience de la diaspora et de l’exil, de l’orphelinage et de la fêlure généalogique ?

Cet appel à contributions vise à réfléchir sur les préoccupations éthiques et esthétiques qui traversent l’œuvre de Camille de Tolédo. 

AXES DE RECHERCHE : 

·      Mémoire du corps : malédiction transgénérationnelle, l’épigénétique dans la littérature.

·      La transmission : que faire d’un héritage impuissant face au passé et incapable d’éclairer l’avenir ? 

·      L’enquête généalogique comme une quête de survivance, devoir de mémoire ?  

·      L’héritage linguistique de l’Europe :  ce que nous apprennent les textes à la croisée des langues, appartenance de l’Europe à des frictions de langues et d’identités contre la norme monolinguistique et l’idéologie qui en découle. 

·      Référence à la tradition juive.

·      Intertextualité et influences : référence à l’œuvre de Daniel Mendelsohn et l’écriture de l’exégèse, Amos Oz et la question de la transmission : tension/obsession entre un héritage intransmissible, inaccessible et enfoui et le choix de l’écriture, celle du traitement de l’héritage sans testament dans l’œuvre d’Hannah Arendt, celle d’Imre Kertész, Stig Dagerman… 

BIBLIOGRAPHIE INDICATIVE : 

Chez Verdier :

–  Une histoire du vertige, 2023.

– Thésée, sa vie nouvelle, 2020.

–  L’inquiétude d’être au monde, 2012.

CHEZ D’AUTRES ÉDITEURS : 

Le fleuve qui voulait écrire. Les auditions du parlement de Loire, Manuella, 2021

Le Fantôme d’Odessa, dessins d’Alexander Pavlenko, Denoël, « Denoël Graphic », 2021 [BD]

Herzl. Une histoire européenne, dessins d’Alexander Pavlenko, Denoël, « Denoël Graphic », 2018 [BD]

Le Livre de la faim et de la soif, Gallimard, 2017

Les Potentiels du temps. Art et politique, avec Aliocha Imhoff et Kantuta Quirós, Manuella, 2016

Oublier, trahir puis disparaître, Le Seuil, « La librairie du xxie siècle », 2014

Vies pøtentielles, Le Seuil, « La librairie du xxie siècle », 2011

Le Hêtre et le Bouleau. Essai sur la tristesse européenne, Le Seuil, « La librairie du xxie siècle », 2009

Visiter le Flurkistan ou Les illusions de la littérature-monde, PUF, 2008

Vies et mort d’un terroriste américain, Verticales, 2007

L’Inversion de Hieronymus Bosch, Verticales, 2005.

 CULTURE DE LA MÉMOIRE ET POÉTIQUE DE L’OUBLI DANS LA LITTÉRATURE CONTEMPORAINE ET EXTREME-CONTEMPORAINE : ENTRE HÉRITAGE ET TRANSMISSION
Colloque (en ligne), 30-31 octobre 2023.

L’objectif de ce colloque est d’interroger les liens entre littérature, oubli et mémoire, dans une perspective pluridisciplinaire, l’interférence entre littérature et sciences humaines,  et critique, celle de l’usage de la mémoire et des modes de gestion du passé. Que peut l’œuvre littéraire face à l’oubli, au silence, à l’amnésie ? Que peut, aujourd’hui, la littérature dans le débat sur la commémoration de certains évènements du passé ? Par sa volonté à réparer le présent, par ses revendications identitaires et mémorielles, à travers sa capacité renouvelée à questionner l’héritage, son actualisation, par sa conscience de l’évolution historique et l’urgence de dépasser cette pédagogie essentiellement négative de la culture mémorielle qui fonde le présent sur les utopies sanglantes du XXe siècle, l’acte d’écrire peut-il réparer l’histoire dont nous sommes les héritiers ?  Ces questions sont particulièrement utiles pour s’interroger sur nos espoirs cosmopolitiques et notre responsabilité face aux générations futures. (Hans Jonas)
Quelques pistes de réflexion :

· Littérature et histoire : fiction et réalité historique
· Archive et lieux de mémoire
· Poétique de la mémoire et usage du passé
· Témoignage et responsabilité
· Héritage, filiation, transmission
Propositions de communication (3000 signes), accompagnées d’une brève notice biographique.
Chaque communication durera 30 minutes, suivie d’une discussion, et donnera suite à une publication.
Propositions à envoyer à : p.eisenberg@carnet-critique.comavant le 30 septembre 2023.
Langues : Français, anglais, italien, allemand.
Bibliographie indicative :
Nussbaum, Martha, Les émotions démocratiques. Comment former les citoyens du XXIe siècle ?, Flammarion/Climats, 2011.
Jonas, Hans, Le principe responsabilité, Paris, Flammarion, 1998.
Nora, Pierre, Présent, nation, mémoire, Paris, Gallimard, 2011.
Garapon, Antoine, Peut-on réparer l’histoire ? Colonisation, esclavage, Shoah, Paris, Odile Jacob, 2008.
Garapon, Antoine, Des crimes qu’on ne peut ni punir ni pardonner : pour une justice internationale, Paris, Odile Jacob, 2002.
Jenni, Alexis, Stora, Benjamin, Les Mémoires dangereuses, suivi d’une nouvelle édition de Transfert d’une mémoire, Paris, Albin Michel, 2016.
Canault, Nina, Comment paye-t-on les fautes de ses ancêtres : l’inconscient transgénérationnel, Paris, Pocket, 2016.
Derrida, Jacques, Spectres de Marx : l’État de la dette, le travail du deuil et la nouvelle Internationale, Paris, Galilée, 1993.